Communiqué du 1er avril 2009 de ALCIMED
Les probiotiques, un marché qui s’essouffle ?
Le marché mondial des probiotiques est en forte croissance depuis le début des années 2000. Cette dynamique est notamment soutenue par le lien de plus en plus explicite existant entre alimentation et santé. Cependant, de nouvelles réglementations sont récemment venues ébranler le marché. La société de conseil ALCIMED fait le point sur le marché des probiotiques et analyse les perspectives d’évolution et les stratégies d’innovation qui pourront aider à maintenir leur rythme de croissance.
Connus depuis des centaines d’années notamment à travers les produits laitiers fermentés traditionnels comme le kéfir, les probiotiques connaissent un véritable regain d’intérêt de la part des industriels depuis quelques années. Alors qu’en 2003, ce marché pesait à peine 6 milliards d’euros, il a quasiment doublé en 5 ans pour atteindre 10 milliards d’euros en 2008, soit environ 10% du marché mondial des aliments fonctionnels.
Les probiotiques ont été définis en 2001 par la FAO (Food and Agriculture Organization) et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme étant « des micro-organismes vivants (appelés aussi bactéries ou ferments) qui, lorsqu’ils sont administrés en quantités adéquates, produisent un effet bénéfique pour la santé de l’hôte ». De plus, pour conserver l’appellation “probiotiques”, les micro-organismes visés doivent survivrent au passage dans le tube digestif et être capables d’y proliférer. Il est aussi reconnu qu’ils doivent être consommés régulièrement et en quantité suffisante pour être bénéfiques pour l’organisme.
Les stars des probiotiques sont les produits laitiers : l’an dernier, ils pesaient près de 80% des produits lancés sur les marchés américain et européen (Source : GNPD-Mintel). Les fabricants de produits laitiers ont en effet été les pionniers en la matière : après Yakult et son Lactobacillus casei Shirota au Japon dans les années 50, on a vu apparaître des produits comme Activia (ex-Bio, Bifidobacterium ActiRegularis), ou encore LC1 de Nestlé (Lactobacillus johnsonii) et Actimel (Lactobacillus casei defensis) de Danone. Portés par la tendance des produits allégés et des nouveaux modes de consommation (nomadisme…), les probiotiques se sont aussi diversifiés. Ils ont ainsi rejoint les linéaires des crèmes glacées (Lucerne Food aux USA) et des fromages (Millán Vicente au Portugal, Spar Vital en Hongrie). Désormais, ils sortent même totalement de l’univers des produits laitiers et débarquent dans les produits céréaliers (céréales du petit déjeuner Very Berry Granola de l’américain Total Granola, barres céréalières Alpen chocolat/fudge de Weetabix en Grande-Bretagne), les boissons (boisson énergisante Emminent de Emmi en Suisse et au Portugal) et même dans les pâtes à tartiner comme le miel « Probiotic Honey » du britannique Daflorn.
« Il faut s’attendre à ce que les probiotiques poursuivent la conquête d’autres familles de produits, notamment les snacks ou le chocolat. De nouvelles technologies, en cours d’études, pourraient même permettre d’aller plus loin dans la déclinaison de produits, grâce à des probiotiques encapsulés ou thermorésistants par exemple », explique Fabienne Cottret, consultante agroalimentaire chez ALCIMED.
L’intérêt grandissant des consommateurs pour des produits “bons pour la santé” est l’un des moteurs de la croissance du marché des probiotiques. Ils surfent en effet sur la tendance des années 2000 qui consiste à relier alimentation et bénéfices santé. Les industriels ne s’y trompent pas et mettent notamment en avant leur action bénéfique sur le système digestif et l’équilibre de la flore intestinale. Ainsi, en 2008, sur les 708 nouveaux produits contenant des probiotiques répertoriés pour les USA et l’Europe, 339 mettaient en avant cet avantage.
Plus récemment, on a vu arriver de nouvelles revendications. Citons la capacité de certaines bactéries à stimuler le système immunitaire (97 nouveaux produits sur 708 en 2008) ou encore le rôle de ces microorganismes sur la santé du système cardiovasculaire ou sur le cerveau et le système nerveux. De ce côté, les possibilités sont encore multiples et les futures revendications pourraient concerner le rôle de ferments sur la santé bucco-dentaire, les cancers du colon et même les affections cardio-vasculaires.
Nouvelles déclinaisons de produits, nouvelles technologies en cours de mise au point et multiplications des revendications devraient permettre au marché des probiotiques de poursuivre sa croissance. Cependant, depuis 2007 et l’arrivée de nouvelles réglementations sur les allégations, notamment en Europe, la croissance s’est ralentie : l’augmentation du nombre de lancements de produits a été inférieure à 3% entre 2007 et 2008 alors qu’entre 2004 et 2007, les lancements progressaient à un rythme de 11% par an. Entre autres explications figure l’adoption d’une nouvelle réglementation européenne (Règlement N°1924/2006, 1er juillet 2007) qui impose que toutes les allégations soient évaluées scientifiquement. Elle prévoit également qu’à compter de 2011, les produits affichant des allégations devront satisfaire aux profils nutritionnels. Ces profils nutritionnels, en cours de définition, prendront en compte les quantités de certains nutriments (matières grasses, acides gras trans et saturés…), l’importance de l’aliment dans le régime alimentaire en général, la composition nutritionnelle globale de l’aliment et la présence de nutriments reconnus scientifiquement comme
ayant un effet sur la santé.
Tout ceci rend plus difficile l’obtention des autorisations. Les industriels devront apporter des preuves extrêmement solides pour pouvoir apposer une allégation sur le packaging d’un nouveau produit. Résultat : à l’horizon 2013, on estime que le marché pèsera à peine plus de 12 milliards d’euros, soit une croissance annuelle réduite à seulement 4%.
« Le marché des probiotiques est à un tournant stratégique. Face au contexte réglementaire qui se durcit, les industriels devront redoubler d’efforts pour leurs prochains lancements. On peut aussi se poser la question de la répercussion sur les prix et donc, sur le consommateur », conclut Marion Meslin, responsable de missions chez ALCIMED.
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